La révolution du biosourcé
Tristan Riom est militant et élu écologiste de Nantes. Sur son blog, il aborde régulièrement et en profondeur de nombreux sujets ! Nous reprenons ci-dessous son dernier article sur la révolution du biosourcé.
Il est de ces projets qu’on prend pour des utopies de doux rêveur qui sont en fait une révolution. Et si nous pouvions construire sans béton ? Et si l’avenir de nos maisons et appartements poussait dans les forêts et les champs ?
Cela va bien sûr à l’encontre de ce qu’on nous a raconté. Le solide, le durable, c’est la pierre, et la pierre du XXe siècle, ce sont le béton, la brique, le ciment. Cette vision, c’est même un des sujets du conte des “Trois petit cochons” : les maisons en paille et en bois ne résistent pas aux bourrasques du souffle du grand loup. Mais l’histoire s’arrête un peu tôt, car avec sa maison mal isolée en briques, la maison du petit cochon va vite devenir invivable, été comme hiver. En bref, écrivons une histoire alternative des trois petit cochons, ou le durable est un peu plus malin que la symbolique préoccupation d’une attaque du grand loup [une histoire alternative des 3 petits cochons a d’ailleurs été écrite, Les trois petits cochons et la maison de paille et de bois par Christian Vassie et Eric Heyman (illustrations). D’après la description : “Une version écologique du conte classique qui amusera et fera réfléchir petits et grands”].
Le XXe siècle, l’ère du béton
Le béton c’est fantastique. C’est une forme de pierre liquide, qui dure dans le temps et permet des constructions impossibles autrement. Ce matériau a été un changement complet de paradigme pour l’architecture. Mais cette ex « nouvelle grande voie » de la construction débouche aujourd’hui sur une impasse. Le problème est multiple.
Le béton est tout d’abord le matériau le plus émetteur de CO2.
Le béton est le deuxième matériau le plus consommé sur terre après l’eau… », explique, d’emblée, Dimitri Deneele, chercheur à l’Institut des matériaux de Nantes à un parterre de spécialistes réunis à l’occasion des Future Days (rencontres pour des villes et territoires durables https://www.futuredays.fr/). Soit 150 tonnes par seconde, ce qui explique qu’il est responsable d’environ 8 % des émissions de gaz à effet de serre. À titre d’image, si le béton utilisé sur la planète était un pays, il serait le troisième émetteur mondial, juste derrière la Chine et les États-Unis. L’explication tient à sa fabrication, car ses ingrédients de base doivent être chauffés à très haute température (1 450° C).
Le béton nécessite aussi énormément de ressources non renouvelables, comme le sable. Depuis des années, des collectifs interpellent notamment en Loire-Atlantique sur le développement dangereux des carrières de sable dans notre département, comme le collectif “La tête dans le sable” à Saint-Colomban. L’extraction de cette ressource entraîne l’assèchement voire la destruction de terres arables, au profit encore et toujours du béton [Le sable est aussi utilisé pour le maraîchage industriel. Pour creuser ce sujet, rendez-vous sur le site https://latetedanslesable.fr]
Mais alors, existe-t-il des alternatives à cette magie bétonnière ? S’il faut déjà questionner ce besoin de construire à l’échelle mondiale, nous pouvons aussi l’affirmer : pour construire, des solutions existent alors parlons de la construction biosourcée.
La révolution de la botte de paille
La “construction biosourcée” c’est le fait de construire – ou rénover – des bâtiments avec des matériaux qui – en gros – « poussent » : le bois, le chanvre, la paille, la ouate de cellulose voire le carton ou le coton (ces 2 derniers ont parfois eu une première vie). A ne pas confondre avec le “géosourcé”, qui cherche à revaloriser notamment la construction pierre, ou directement la terre.
Ce n’est pas nouveau en soit. D’abord car les premiers bâtiments construits par l’être humain étaient en mélange de paille et de terre sur structure bois, mais même dans les constructions modernes, des immeubles ont été construits en structure bois et isolation paille [Pour en savoir plus sur ces projets, vous pouvez vous rendre sur le site de la filière, par exemple pour la paille : https://www.rfcp.fr]. Paris Habitat a par exemple isolé un immeuble de plus de cent ans de 7 étages en paille [Voir cette vidéo pour en savoir plus].
La maison Feuillette de Montargis : l’exemple centenaire que la construction paille est durable ! La maison Feuillette, située à Montargis (45) dans le Loiret, est le plus ancien bâtiment construit en ossature bois et en isolation paille connu à ce jour. Conçue en 1920 par l’ingénieur Émile Feuillette, et acquise en 2013 par le CNCP pour en préserver le patrimoine, elle est le symbole de la durabilité de la construction paille. [source]
Les filières et métiers sont multiples, car il ne s’agit pas simplement d’un choix de matériaux différents. Un bâtiment en bois est conçu différemment, repose sur des filières locales de transformation, certains matériaux demandent la levée de barrières culturelle (cf. L’histoire des 3 petits cochons du début) mais surtout un certains nombre de certification, d’autorisation de mise en œuvre, de validation par les bureaux de contrôles, … bref de la recherche et développement qui bénéficierais à l’ensemble des filières.
Les biomatériaux sont de plus co-dépendants les uns des autres : la botte de paille est un excellent isolant entre des poutres de bois, le tout recouvert d’un torchis en terre crue pour l’intérieur. En 2023, la France était championne du monde de la construction paille, avec 10 000 bâtiments construits qui l’utilisent. Comme d’autres matériaux, la paille présente d’énormes avantages techniques : excellent isolant pour garder la chaleur l’hiver, elle permet aussi mieux que les matériaux type polystyrène de garder la fraîcheur en été.
C’est biosourcé près de chez vous : Pirmil-les-Isles
A Nantes Métropole, nous avons depuis 2019 une charte, un ensemble de règles et d’engagements pour intégrer le biosourcé dans nos projets d’urbanisme et de bâtiments publics. L’institution s’est par exemple engagée à ce moment-là à “multiplier par 5 le nombre de projets en biosourcé entre 2020 et 2025”. Cela entraîne des changements profonds dans les manières de faire, comme changer les règles d’urbanisme sur certaines épaisseurs de murs et de plancher entre les étages (les règles ont été conçues pour le béton).
Ces engagements nous ont permis de faire sortir ou d’amorcer des projets très structurants pour les filières biosourcées. Le dernier en date que nous pouvons citer est la maison d’accueil de jour à La Moutonnerie qui sera finie en 2025 et qui a vu en mai 2024 la pose de sa “première botte de paille” [Plus d’informations par ici]. Sur le plus long terme, le projet le plus structurant du territoire est la ZAC Pirmil-les-Isles : un projet de plusieurs dizaines d’années qui, au lieu de connaître un processus linéaire (l’aménageur refile le projet à l’opérateur qui le passe à l’architecte, qui sollicite des entreprises qui ensuite diront “votre projet n’est pas adapté a la construction biosourcée”), a connu un processus itératif où tout le monde a été réuni autour de la table pour repousser les limites de ce qu’on pense possible en termes de manière de faire. [Pour aller plus loin sur ce sujet, vous pouvez lire le retour de l’atelier professionnel de 2019 “Les filières de construction en transition”, qui rappelle la démarche] [A noter que je n’aborde dans cet article que la question de la construction biosourcée, mais la ZAC Pirmil-les-Isles a aussi permis de travailler des manières innovantes de refaire la ville sur elle-même, de prendre en compte l’existant, d’associer les habitantes et habitants futur·e·s et actuel·le·s…]
Schéma sur la circulation de l’information dans le projet Pirmil-les-Isles,issu d’une présentation du projet.
“Élargir le domaine d’emploi” : la collectivité en plein dans son rôle d’innovation
L’innovation du XXIe siècle, ce n’est pas une application sur smartphone pour noter la qualité du riz des sushi en NFT grâce à de l’IA … mais c’est plutôt construire un bâtiment de 6 étages en paille !
Pirmil-les-Isles c’est aussi un vrai processus d’innovation pour identifier ce qui est aujourd’hui pratiqué par les différentes filières, ce qu’il est possible de faire, et utiliser cette opération d’aménagement public comme un laboratoire, un exemple à grande échelle de cette limite repoussée. Par exemple pour le « béton » de chanvre [Même s’il se nomme “béton”, le béton de chanvre n’a rien à voir avec notre ennemi du jour, le béton. Le béton de chanvre est fabriqué à partir de fibres de chanvre, de chaux et d’eau. Le chanvre est une plante particulièrement intéressante pour sa fibre, peu gourmande en ressources et adaptable à des climats variés, on la retrouve notamment dans les textiles.], les professionnels disent qu’il est possible de faire un bâtiment jusqu’à 23 mètres de hauteur, 7 étages, alors qu’aujourd’hui les projets sur le territoire ne dépassent pas les 8 mètre de hauteur, 2 étages [Depuis ce diagnostic, des limites ont été repoussées avec par exemple un projet Caserne Mellinet de R+6 en béton de chanvre]. La filière est donc en manque d’exemple pour montrer que se matériau peut faire mieux que ce qu’on lui en demande aujourd’hui. D’où l’idée de repousser ensemble la limite des 8 mètres.
Schéma de l’élargissement des domaines d’emplois de l’opération Pirmil-les-Isles, issu d’une présentation du projet.
Ces nouveaux exemples sont nécessaires pour les filières. Pour expérimenter, former, mais aussi démontrer du sérieux de leurs solutions. Cette mise en commun permet aussi d’éviter une concurrence entre des filières d’avenir.
Un autre développement économique
Accompagner ces filières, c’est opérer un changement majeur dans la vision du développement économique local.
Cela demande d’abord d’accompagner une filière composée de beaucoup de petites et moyennes entreprises. Là où, bien souvent, l’accompagnement économique a pu consister à identifier quelques mastodontes industriels pour qu’iels créent tout un écosystème, ici l’échelle change forcément. Il faut aller chercher ces petites et moyennes entreprises, les accompagner, car elles n’ont pas de puissants lobbyistes à Bruxelles ou Paris pour pousser la loi à leur avantage.
C’est ensuite une nécessité d’ancrage inédite. Le bâtiment de demain est construit à partir des ressources réellement disponibles sur un territoire, et donc les filières développées dépendent de ces ressources. Partir des ressources pour faire des choix de nature économique, cela fait longtemps que nous ne l’avons pas fait. L’approche traditionnelle de domination de la nature et de notre environnement nous a poussés à considérer qu’une activité pouvait s’implanter n’importe où, et que cela ne dépendait que de la main d’œuvre disponible et convenablement qualifiée, du foncier et de l’écosystème économique. Demain on rajoute un nouvel entrant qui se libère de sa domination : l’environnement.
L’économie de demain n’est plus une “chaîne de valeur mondialisée” où chaque élément de production est idéalement situé pour exploiter jusqu’à la moelle les humains et les ressources. L’économie de demain part d’un besoin local, et utilise des ressources au maximum locales dans une limite de leur capacité de renouvellement. Cela n’exclut en rien la solidarité, la connexion entre territoires, le partage de connaissances et compétences. Mais ces échanges sont au service du besoin des population, pas du profit de quelques-uns [Oui je dis ici que le capitalisme mondialisé est incompatible avec l’écologie, mais je le dis avec d’autres mots].
Industrialisation ou massification de l’artisanat ?
C’est un paradoxe bien connu en écologie : les solutions d’hier sont les problèmes d’aujourd’hui. Les premières automobiles par exemple ont été politiquement promues comme une manière de limiter les chevaux en ville, car les excréments de chevaux posaient d’important problèmes de pollution en ville. Nous avons maintenant construit une société absurde autour de l’automobile, qui nous pose problème.
Alors quoi ? Va-t-on couper tous les champs de blés et les forêts pour faire des maisons pavillonnaires en biosourcé ? Non.
La première démarche reste de questionner le besoin et refuser que le biosourcé soit un faire-valoir pour faire des projets absurdes, d’artificialisation par exemple [Pour creuser cette question du développement de la métropole, voir mon article]. Une fois que le besoin est acté, nous devons nous assurer qu’il n’y a pas de concurrence entre les différents usages des matériaux. Pour rester sur l’exemple de la paille : d’après le collectif Paille Armoricain, 1% de la paille ligérienne suffirait à isoler 10% des constructions neuves. La paille est un co-produit du blé utilisé pour l’alimentation, elle est utilisée à 86% pour faire de la litière d’animaux et 14% laissé au champ [Chiffres pour les Pays de la Loire, moyenne annuelle sur 4 ans 2018 – 2021] [“La paille est une tige d’une céréale dépouillée de son grain. C’est une fibre végétale issue de la production agricole de céréales. La paille n’est donc pas issue d’une culture dédiée à la construction. La paille est un coproduit d’une céréale qui n’entre pas en concurrence avec l’alimentation. Ne pas confondre la paille et le foin : l’alimentation animale utilise le foin qui est de l’herbe séchée.” Source : Plaquette “La Paille construction en Pays de la Loire, Vos questions sur la ressource” éditée par le Réseau Français de la Construction Paille, le Collectif Paille armoricain, La région Pays de la Loire, la Chambre d’agriculture Pays de la Loire et le Collectif Biosourcé Pays de la Loire].
Source : Plaquette “La Paille construction en Pays de la Loire, Vos questions sur la ressource” éditée pas le Réseaux Français de la Construction Paille, le Collectif Paille armoricain, La région Pays de la Loire, la Chambre d’agriculture Pays de la Loire et le Collectif Biosourcé Pays de la Loire
On ne parle ici que de la paille, mais il est impératif de confronter nos souhaits de relocalisation à la réalité. Vérifier que le développement d’une filière d’avenir soit compatible avec la transition écologique dans le domaine agricole, pour que nos propositions soit réellement vertueuses. Un travail approfondi doit donc être mené pour chaque filière de biosourcé tout en assumant un parti-pris : si les matériaux de demain ne sont plus issus de l’extractivisme et de la chimie, alors ils poussent… et cela doit nous conduire à une analyse croisée entre les manières de construire et les enjeux de transformation agricole.
Ce monde du bâtiment du XXIe siècle, il existe déjà. A Nantes on le retrouve au sein de Fibois, dans le collectif Paille Armoricain, au sein du groupe animé par l’Ademe “Collectif Biosourcé”. La question, cependant, reste celle des conditions nécessaires pour que ce mode de faire devienne majoritaire. Que le bloc de béton deviennent l’exception.
Mais comme disait Sylvain Fourel, Président de Fibois Occitanie et de Selvea, dans un colloque au Sénat auquel je participais [Intervention à retrouver sur Youtube lors du colloque intitulé « La construction hors site sera décarbonée ou ne sera pas ! », co-organisé par les sénateurs écologistes Daniel Salmon (Ille-et-Vilaine) et Guillaume Gontard (Isère), avec des organisations professionnelles des matériaux biosourcés, soit Fibois France, le Réseau français de la construction paille et Construire en chanvre. Mes interventions se trouvent à deux moments : ici et là] : “Le problème c’est que nous sommes encore dans une niche, or une niche c’est incertain, cela dépend de quelques grosses commandes qui peuvent s’arrêter du jour au lendemain, … bref il nous faut sortir de la niche”.
Ce changement d’échelle pousse certains et certaines à parler d’un besoin “d’industrialisation” des biosourcés, et c’est là une erreur. Car ces modes constructifs sont par essence artisanaux. La recherche d’uniformisation, un intangible de l’industrie, ne peut fonctionner avec ces matériaux vivants, qui requièrent essentiellement l’œil d’un artisan.
Lors du colloque au Sénat, un représentant d’établissement bancaire avait dit que son enjeu était de lever des centaines de millions d’euros pour des start-up de la construction hors site. J’avais alors signalé que l’enjeu des acteurs économiques de terrain sur le biosourcé, les artisans, celles-et-ceux qui aujourd’hui construisent nos logements et écoles de demain, c’était plutôt de trouver quelques centaines de milliers d’euros que des centaines de millions … Simplement le tissu économique ne sera pas fait de quelques “start-up licornes”, mais de milliers d’artisans, de petits bureaux d’études… et bien sûr d’agriculteur·rice·s.
Changer d’échelle, de paradigme, fait qu’une pratique à la marge devient l’évidence et la norme. Cela nécessite donc de faire attention à la ressource, mais aussi d’admettre que des poncifs comme la recherche d’industrialisation ne sont pas la seule voie. Au contraire, le développement d’une approche artisanale qualifiée (qui utilise aussi de grosses machines, mais pas dans une recherche de découpage des tâches et d’uniformisation) est à soutenir.
Conclusion
La modernité ce sont les bâtiments en bois, en paille, en chanvre… Ces matériaux répondent à tous les enjeux du siècle : celui d’une construction moins émettrice de CO2, mieux adaptée au réchauffement climatique et notamment aux vagues de chaleur. Ils permettent de développer un écosystème économique local où les besoins sont satisfaits par des ressources locales.
Ce développement doit se faire dans la juste mesure imposée par l’écologie politique : répondre à un réel besoin, avoir recherché en amont la réutilisation plutôt que la construction de neuf et surtout s’assurer que le prélèvement de la ressource soit à un niveau qui lui permet de se renouveler et de ne pas être en concurrence avec d’autres enjeux majeurs, notamment d’une agriculture biologique.
Les pouvoirs publics, locaux et nationaux, ont une place essentielle dans ce changement, sur les choix de mode constructif notamment, mais ils doivent changer radicalement de manière de faire du développement économique : passer d’une logique de participation à une concurrence généralisée, d’un tous contre tous, à une logique d’une économie conçue pour notre subsistance et basée sur les ressources autour de nous.
Avec les concepts de bioéconomie, d’apprentissage au renoncement, d’entraide et de coopération, l’écologie politique regorge de manières de faire pour préparer cet avenir.
Les matériaux de construction, décidément, ça aussi c’est politique.
Post-scriptum
Dans cet article, la majorité des exemples de construction biosourcée parlent de la paille et de la structure ou de l’isolation des bâtiments. Car j’avais les ressources sous la main. Mais la construction biosourcée, c’est infiniment plus de matériaux, de filières, de corps de métiers, d’étapes dans la construction ou la rénovation du bâtiment !
Pour aller plus loin
- Fibois Pays de la Loire, la filière professionnel du bois : https://www.fibois-paysdelaloire.fr/
- Le collectif biosourcé Pays de la Loire, qui rassemble les professionnels de l’ensemble des filières biosourcé du territoire : https://www.novabuild.fr/collectif-biosourcepdl/ et bientôt https://www.biosource-paysdelaloire.fr. Le Collectif Biosourcé Pays de la Loire est composé d’Echobat, de Novabuilt, du Parc naturel régional de Brière, de Construire en Chanvre, du Collectif Terreux Armoricains, du Collectif Paille Armoricain et de Fibois Pays de la Loire.
- Réseau de la Construction Paille en Armorique, la filière paille locale : https://armorique.constructionpaille.fr/