Les Écologistes de la Mayenne disent oui au solaire, mais pas n'importe où !

Dans le cadre de l'enquête publique concernant un projet de parc photovoltaïque à Cossé-en-Champagne, le groupe local de Mayenne a apporté une contribution pour faire valoir ses arguments contre ce projet, qui a finalement obtenu un avis défavorable du commissaire-enquêteur. Une première étape positive avant la décision de la Préfète, à suivre...
En Mayenne, une enquête publique a été organisée du 27 mai au 27 juin au sujet d'un projet de parc photovoltaïque à Cossé-en-Champagne, commune située à l'Est de la Mayenne, à mi-chemin entre Laval et Le Mans. Les membres du groupe local Les Écologistes Mayenne ont saisi cette opportunité pour développer leurs arguments contre ce projet à travers une contribution, à retrouver ci-dessous.
Cette enquête publique vient de recevoir un avis défavorable de la part du commissaire-enquêteur. Vous pouvez retrouver ses conclusions à l'adresse suivante : https://www.registre-

Les militant·e·s sont allé·e·s sur le terrai pour préparer leur contribution
Retrouvez l'avis complet du groupe local de Mayenne ci-dessous :
« Une politique énergétique écologiste c’est réduire la demande en priorisant la sobriété (dans les comportements individuels et l’organisation collective) puis l’efficacité énergétique, et produire l’énergie restante à partir d’un mix 100 % renouvelable en 2050.
Le solaire photovoltaïque (PV) est une source d’énergie pertinente : le photovoltaïque a certes des impacts sur l’environnement mais il est la source d’énergie parmi les moins dommageables pour l’environnement : bilan carbone plus faible que la moyenne du mix électrique, taux de recyclage de 95%, hausse des rendements donc du bilan matière, etc. Sur le plan économique, la filière a connu une diminution spectaculaire des coûts qui rend le PV au sol beaucoup plus compétitif que le nouveau nucléaire. Sur le plan démocratique, c’est une des ressources énergétiques qui favorise au mieux l’autonomie énergétique.
Un déploiement marginal à accélérer : en 2020, la production d’énergie solaire PV ne s’élevait qu’à 0,51% du total national. Les capacités installées en 2022 sont insuffisantes pour atteindre les valeurs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Les 3 scénarios de prospective énergétique de référence font tous état du besoin de poser beaucoup plus de panneaux solaires pour atteindre le 100 % ENR en 2050, même avec une diminution drastique des consommations.
Où poser les panneaux photovoltaïques ? La priorité est le déploiement de centrales solaires sur bâtiment. Malheureusement, les installations sur toitures souffrent de nombreuses contraintes techniques et administratives qui expliquent leur faible rythme de déploiement et un coût deux à trois fois plus élevé que le solaire au sol. Même avec de profondes évolutions réglementaires, tous les scénarios prospectifs prévoient une proportion substantielle de solaire au sol à installer d’ici 2050.
Les Écologistes constatent que l’intégralité des besoins en photovoltaïque au sol (correspondant à 540 km2 selon Négawatt, soit moins de 0,1 % du territoire) ne pourra être couverte par des installations sur parkings ou friches (étude ADEME).
Dans ce cadre, Les Écologistes reconnaissent le bien fondé d’un agrivoltaïsme réglementé qui peut avoir des effets positifs sur l’activité agricole. Il peut aussi apporter des compléments de revenus et des recettes fiscales aux collectivités locales pour contribuer au financement des services publics en zone rurale et aux investissements publics dans les territoires. Nous n’avons donc aucune opposition de principe sur ce point et nous donnons notre avis projet par projet. Après étude du dossier soumis à l’enquête publique, et un déplacement sur le site concerné, le projet de l’Aubaudière à Cossé en Champagne nous paraît cumuler plusieurs aspects rédhibitoires notamment :
- La vallée du Treulon possède un écosystème karstique particulièrement sensible et rare dans notre région, seule la vallée de l’Erve est similaire. Or, si cette dernière est protégée, la vallée du Treulon ne l’est que partiellement jusqu’à l’aval du projet. Cette bizarrerie pose moult questions ! Mais de toute façon, cela n’empêche pas cette vallée d’être un espace naturel dans lequel une riche biodiversité existe comme l’explique longuement MNE dans sa contribution.
- Le futur parc serait composé de deux zones. Celle du sud nous paraît bien trop proche de la rivière et nécessiterait en plus un passage souterrain. Aucune autorisation au titre de la loi sur l’eau n’a été sollicitée ! Les panneaux installés sur cette zone, en outre, seraient très visibles des riverains et randonneurs. Il serait indispensable de la supprimer.
- le raccordement de la production au réseau s’effectuerait à près de 17km. Cette distance est trop importante pour un projet PV, et aura des conséquences induites y compris en Sarthe. Une autre solution devrait être trouvée. D’ailleurs, les Écologistes se posent la question de la délimitation du territoire défini dans l’enquête publique , en effet, elle ne comprend pas les communes du Département limitrophe, la Sarthe , alors qu’elles seront inévitablement impactées puisque certaines sont plus proches que celles concernées dans l’enquête publique.
Par ailleurs, de nombreux projets photovoltaïques se constituent dans la communauté de communes du « Pays de Meslay-Grez », et certains sont déjà validés administrativement. Le développement des ENR est donc bien en pris en compte localement.
Pour toutes ces raisons, Les Écologistes de la Mayenne considèrent que le projet de l’Aubaudière, tel qu’il est présenté, n’est pas adapté à son territoire, et demandent à Monsieur le commissaire-enquêteur d’en tirer toutes les conséquences. »