Le GL Saint-Nazaire mobilisé sur le dossier Yara
Depuis quelques années, le groupe local Saint-Nazaire agglomération est mobilisé sur le dossier Yara. Anne-Cécile Anthony, co-animatrice du GL, était présente lors de la manifestation du 2 novembre devant les grilles de la sous-préfecture, et vous explique le pourquoi de cette mobilisation.
Le bassin industriel nazairien est dense et se compose notamment de plusieurs entreprises classées Seveso (classification recensant les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs et ayant pour but d'y maintenir un haut niveau de protection). Depuis plusieurs années un collectif d’associations lancent des alertes sur les risques liés à ces activités. En effet, en 2019 par exemple, une étude de l’Agence régionale de santé (ARS) faite sur le secteur de la Carene (l'agglomération de Saint-Nazaire) révélait des chiffres alarmants de mortalité par cancer. Le collectif se mobilise fortement sur cette question et demande une étude épidémiologique et l’installation de capteurs ciblant les polluants émis (les particules fines notamment) et ce dans les endroits stratégiques (à savoir là où les polluants sont censés affecter les populations), avec le soutien des élu·e·s écologistes localement implanté·e·s.
Au long cours, ces organisations suivent, analysent et alertent régulièrement élu·e·s, État, presse, et sensibilisent les riverains sur les risques ainsi que l’ensemble des manquements en termes de contrôle, sécurité, pollutions, santé et/ou incidents avérés des industries de ce territoire.
L’entreprise Yara, société de production d’engrais basée à Montoir de Bretagne classée Seveso 3, fait cas d'école. Depuis plusieurs années l’entreprise est coupable de nombreuses entorses environnementales, pour rejets de phosphore et d’azote dans la Loire, émissions de poussières excédant largement les seuils préconisés, en dépit des mises en demeure de l’État. Depuis 2022 elle fait l’objet d’une mobilisation toute particulière par ce collectif d’associations en concert avec des associations environnementales, syndicats et partis politiques.
Un cycle de mobilisation a donc débuté en 2022 pour exiger une intervention de l’État face aux errances de l'exploitant de l'entreprise Yara qui se joue des règles et des normes mettant en danger la sécurité des salarié·e·s, des populations et de l'environnement. Avec un premier rassemblement devant la sous-préfecture de Saint-Nazaire et une demande d’entrevue avec les sous préfet, les actions se poursuivent avec un ciné débat ainsi qu' une réunion publique. Les entrevues avec le sous préfet et les réponses aux courriers envoyés ne permettent pas d’avoir plus de détails et ou de garantie sur une assurance rapide de mise aux normes...
Le 14 octobre 2023, pour la seconde année, le collectif organise un rassemblement pour demander à nouveau à l’État de contraindre réellement l'industriel Yara à mettre son site de Montoir de Bretagne aux normes requises en procédant à une suspension administrative de l'établissement jusqu'à satisfaction des exigences (procédure protégeant les salarié·e·s et leur permettant de percevoir leur salaire tout au long de l'arrêt de la production). Puis en décembre 2023, l’entreprise annonce brutalement l’arrêt de sa production d’engrais et le licenciement de 139 salarié·e·s et annonce la transformation de son site en site de stockage d’engrais (même engrais que celui d’AZF et Beyrouth).
Chloé Moitié-Girardot, vice-présidente écologiste au Conseil départemental de Loire-Atlantique prenant la parole lors de la mobilisation du 2 décembre
Depuis lors dès demandes ont été formulées pour obtenir plus d’informations sur les conditions de dépollution du site, des conditions de stockage… De nouveau sans réponse, le collectif s’est mobilisé de nouveau début novembre, devant la sous préfecture, pour demander la transparence sur ce dossier. Ce rassemblement a réuni des associations moteurs de ce combat (AEDZRP, LDH, VAMP et Habitant·e·s du village de Gron), des élu·e·s, dont Chloé Girardot-Moitié, vice-présidente écologiste de Loire-Atlantique, et Thierry Noguet, maire de Montoir-de-Bretagne (dont le procès car victime de menaces de mort dans la cadre de ce dossier a eu lieu il y a peu), ainsi que des partis politique dont Les Écologistes, qui sont actifs sur ce dossier depuis la première heures. Les ami·e·s de la Terre et le média Blast étaient également présent·e·s et rejoignent la campagne de mobilisation, Paul Poulain, auteur de « Tout peut exploser », a également pris la parole.
Par ailleurs, l'AEZDRP appelle à un rassemblement, jeudi 5 décembre à 14h00 devant la mairie de Montoir-de
Bretagne. Pourquoi ? Car c'est ce jour qu'interviendra la troisième Commission de suivi de site exceptionnelle de l'année pour l'usine et que l'association estime ne pas avoir eu de réponses aux questions évoquées lors de la précédente réunion du 6 novembre. Elle demande, entre autres, un état des lieux des produits restant à évacuer, le calendrier des opérations de dépollution, les travaux à entreprendre, la Iiste des installations vouées au démantèlement...